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Intervention introductive de Philippe SOULIER, président de l’AAME
Si l’importance régionale de la ville antique d’Eauze ne fait pas de doute pour les
historiens depuis longtemps, ce n’est cependant qu’avec la construction de la gare dans les
années 1880 que les structures et vestiges romains remontent massivement à la surface en tant que tels.
Pour autant, pendant plus d’un siècle, et surtout dans les années 1950 à 1980, les
aménagements urbains (lotissements Cieutat et Elusa, centre-ville avec les bâtiments
municipaux, etc.) se succèdent sans grande attention au patrimoine enfoui.
Comme vous le savez, ce n’est qu’en 1985, avec la découverte d’un « trésor » monétaire
et de bijoux, à la faveur d’une opération de « sauvetage » archéologique, que le tournant
patrimonial d’Eauze est pris à la faveur de ce « choc mémoriel ».
Celui-ci est à l’origine de la création de notre association en 1993 et, avec le concours
du département qui a nommé un conservateur, de l’ouverture du musée en 1995.
Depuis ces moments d’exception, notre association a toujours accompagné les
évolutions du musée et du pôle ELUSA Capitale Antique (participations passées aux
manifestations du « festival galop romain », promotion des riches initiatives des équipes du
musée, conférences publiques et gratuites, animations avec les collégiens, présence aux vide-greniers de l’association des commerçants et au forum municipal de septembre, etc.).
Au début de ce 21ème siècle, nous avons accompagné les opérations archéologiques
programmées qui se sont déroulées à Cieutat sous les directions successives de Simon Cleary et Jean-Luc Boudartchouk, puis Pierre Pisani et Laurent Sevègnes.
De même que la découverte et l’étude du trésor avaient entrainé la création d’un musée
apte à le conserver et à le présenter, ces années de fouilles ont abouti à la mise en place d’un centre d’interprétation de la Domus de Cieutat dans les locaux réaménagés de l’ancienne gare d’Eauze.
Simultanément, des accords et conventions ont permis la mise en place d’un Syndicat
Intercommunal à Vocation Unique, le SIVU « ELUSA Capitale Antique », associant aux restes antiques d’Eauze le site de Séviac et ses mosaïques restaurées.

Depuis l’ouverture du musée puis du centre d’interprétation et enfin du site restauré de
Séviac, les équipes en place ont réalisé et renouvelé nombre d’animations pour accueillir de
manière attractive les publics, ne ménageant pas leurs efforts créatifs au fil des mois et des
évènements. Et nous sommes bien souvent venus les accompagner d’une manière ou d’une
autre.
En 2023, nous avons commémoré notre trentième anniversaire et, en 2025, ce sera donc
au tour de la découverte ce « trésor », mis au jour il va y avoir 40 ans, et des 30 ans du musée.
Notre cité, qu’on pourrait aussi appeler « Eauze la romaine » tant elle est de plus en plus
documentée en ce domaine, est aujourd’hui au cœur d’un programme collectif de recherches
ambitieux : le P.C.R. « ELUSA », dirigé depuis 2022 par Laurent Callegarin professeur à
l’Université de Pau.
Cela faisait une dizaine d’années que le projet de reprendre des fouilles sur le site de
Cieutat germait dans l’esprit de nombreux d’entre nous. Cependant, et c’est la loi, pas question de poursuivre des fouilles tant que celles de 2001-2012 n’étaient pas publiées pour que les résultats scientifiques puissent être accessibles à la communauté nationale et internationale des chercheurs.
En effet, bien que Pierre Pisani ai pris soin de réaliser une belle brochure (toujours en
vente au musée !) transcrivant les principales découvertes sur les fouilles de la Domus dite
« aux lauriers », la monographie scientifique complète que les chercheurs et la DRAC attendent, n’a toujours pas été réalisée : les données sont toujours dans les tiroirs et les cartons, les vestiges exhumés sont toujours en caisse, attendant patiemment qu’on se penche sur eux pour les faire parler et dialoguer, étape préalable à leur présentation en vitrine !
C’est pourquoi, comme vous le savez à la faveur des conférences données ici mêmede is 2023, le projet du PCR « Elusa » n’est pas strictement un projet de fouilles… même si
un volet important consiste à reprendre des fouilles à Cieutat !
En effet, et plus largement, il s’agit de s’interroger sur les causes, les temporalités et les
modalités de déplacements de population depuis les siècles avant notre ère jusqu’aux débuts du Moyen-âge, depuis les installations gauloises identifiées sur les plateaux d’Esbérous et du Higat, à quelques petits kilomètres d‘Eauze, jusqu’aux installations antiques puis médiévale sur les hauteurs de la ville actuelle.
Cette année, comme cela sera détaillé dans le diaporama préparé par Laurent Callegarin
et qui vous sera présenté en fin d’AG, les travaux ont été consacrés à trois grands volets :
- la reprise informatisée et intégrée de toutes les données archéologiques concernant
Eauze (géoréférencement et nature des découvertes, du 19ème siècle aux opérations
de ces dernières années),
- la poursuite des prospections géophysiques et électro-magnétiques,
- la suite de la fouille des espaces ouverts l’an dernier,
et, bien sûr, la suite de l’étude des mobiliers et des éco-restes, tant ceux des fouilles actuelles
du PCR que ceux des campagnes antérieures.
Et depuis 2022, nous soutenons activement ces nouvelles recherches dont Laurent
Callegarin vous tient régulièrement au courant de ses avancées.
Ce programme est aussi à la base de l’exposition temporaire sur les méthodes de
prospection archéologique, présentée depuis juillet dernier au musée et qui restera tout au long de l’année 2025.
Signalons que, profitant de la dynamique nouvelle apportée par la mise en place du
« PCR Elusa », outre une action volontariste dès 2023 pour inciter à une reprise des expositions temporaires au musée, puis une aide à la conception et à la réalisation de celle d’aujourd’hui,notre association a financé l’impression du catalogue, qui sera vendu sur place par le SIVU dès ce printemps.
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Le Catalogue que nous avons le plaisir d’offrir aujourd’hui à chaque adhérent à jour de sa
cotisation 2025. Que cela vous incite à aller visiter ou re-visiter cette exposition dès la
réouverture du musée en avril, après la fermeture publique hivernale.
Enfin, en 2024, nous avons pu profiter des recherches préventives menées par l’Inrap et
Pascal Lotti sur le site de l’emplacement du futur centre commercial, dont les premiers aperçus vous ont été présentés ici-même en octobre dernier.
Je souligne que ces opérations, bien que de natures administratives et de modalités
opérationnelles différentes, sont menées en étroite collaboration scientifique et apportent
ensemble le moyen d’étendre nos connaissances sur le territoire de la commune.
Ces quelques rappels pour souligner à quel point le sous-sol d’Eauze est riche – et même
d’importance nationale – et qu’il est maintenant important de penser à mettre à profit les
résultats de ces travaux de terrain et de laboratoire pour enrichir et actualiser les présentations faites aussi bien au Musée lui-même qu’au centre d’interprétation de la Domus.
Ceci ne peut se faire en un jour (ni même une année car il y aura des choix à faire et des
options à prendre, des budgets à établir et à trouver !) mais c’est le devoir de notre association, dans l’esprit qui est le sien depuis 1993, de tout faire pour y parvenir.
Les institutions qui sont en première ligne sont diverses (DRAC, Municipalités et SIVU,
université et CNRS, département, région, etc.) et il importe de se mobiliser avec elles en ce sens et au plus vite.
En outre, et notre association entend jouer pleinement son rôle dans cette dimension, il
s’agit de faire que ce patrimoine soit vivant, que les élusates, les armagnacais, les gascons, lesaquitains et plus encore puissent se le réapproprier et inscrire cette mémoire revisitée dans leurs perspectives de compréhension critique sur le présent comme sur l’avenir